De la fumée, je tousse. Quelque chose brûle. Je vais mourir. Je tousse encore. J’ai mal. Une odeur. Du tabac. J’ouvre les yeux. Un nuage de fumée m’envahit
« Alors mon biquet, on se réveille ? »
La comtesse. Encore. Le cauchemar continue.
« Lolita ?
- La poufiasse s’en est tirée. Cela dit, ça ne me surprend pas ». Nouvelle inspiration, nouveau nuage de fumée. « Je m’en branle.». Un rond de fumée. Un deuxième dans le premier. Elle reprend : « La police va t’interroger. J’ai préparé le terrain. Tu devrais t’en sortir si tu ne fais pas le con. »
Elle écrase sa cigarette. Ouvre la fenêtre et jette son mégot. Le froid pénètre la chambre. Glacé. Elle me dit que c’est pour l’odeur. « Une comtesse ne fume pas. Ca fait mauvais genre. C’est le patron qui l’a dit. Faut bien vivre. Et moi, Je vis bien comme il faut. » Elle se met à rire, fière de son jeu de mot et se dirige vers la sortie. « Encore une chose : Tu feras une commission à Witches. Tu lui diras… » Elle réfléchit. « Et chier, fais lui juste remarquer que si j’avais pas été là son rejeton serait dans la merde à l’heure qu’il est. »
Des hommes m'avaient emmené à l'hôpital. Il y a eu un défilé d'infirmières, médecins, flics… Enfin, tout ce qui porte un uniforme. J'étais trop dans le cirage pour comprendre qui était qui mais ils me faisaient tourner la tête. Je suis rentré chez moi dans une sorte de flou. Mon père qui m’embrasse, des flashs de photographes, des questions de journalistes. C’est mon père qui répond, je ne fais pas attention à ce qu’il dit. Je n’ai plus vu de Comtesses déjantées ni de punks dépressives ni de vieux étudiants fan de comix. Je voulais retrouver une vie normale, quelque chose sur quoi m’accrocher et j’ai été exaucé.
J’ai récupéré lentement. Mes blessures physiques se sont cicatrisées plus vite qu’une autre plus profonde : Lolita. Au bout d'un mois à me traîner comme une âme en peine entre les canapés du salon et les transats au bord de la piscine, j'ai décidé de partir. Cette maison était encore trop pleine de Lolita. Un peigne oublié dans sa chambre. Son parfum que je croyais sentir dans la salle de repos du personnel. Je me suis trouvé un petit appartement au centre ville. Rien de tape à l’œil mais confortable tout de même. J’ai refusé d’avoir le Vioc derrière moi. J’avais passé l’age et je devais m’émanciper. Je ne voulais pas de quelqu’un toujours dans mes basques. Sauf Lolita. Mon père n’a pas bronché. Il ne m'a posé aucune question et j'ai fait de même mais il savait ce qui m’était arrivé. Lolita l’avait appelé plusieurs fois. Je lui ai demandé pourquoi il n’avait pas dit la vérité à la police. Il a haussé les épaules se contentant de dire que personne ne l’aurait cru. Ils avaient besoin d’une excuse pour traquer Lolita. Je n’ai pas compris. Il ne m’en a pas dit plus se contentant de me dire de faire attention et de me fier à mon intuition pour éviter le danger. Il parlait comme Lolita, je ne l’avais jamais remarqué avant. Elle me manquait. Je n’aurais pas cru qu’il accepte si facilement de laisser partir son unique rejeton mais au fond, c’était logique. La seule qui s’en soit prise à moi faisait partie du personnel. En tout cas d’après les médias. Les entreprises Witches en ont pris un coup. C’était une mauvaise publicité mais mon père a bossé un peu plus et a remonté la pente. Sans doute aurait-il été plus judicieux que je dise la vérité. Mais après coup, je pense que j’ai bien agi compte tenu des circonstances.
Oui, je m’en suis tiré après un entretien encore plus foireux que la première fois.
Je ne savais pas quoi dire. Je ne pouvais me résoudre à dire que Lolita m’avait enlevé. Je voulais crier son innocence, leur dire que je la suivrais jusqu’au bout du monde mais je n’ai rien dit. Je n’ai pas ouvert la bouche et comme ils insistaient j’ai dit : « je ne sais pas ».
Choc post traumatique qu’ils ont diagnostiqué. Ca va passer.
Ce n’est pas passé. Et, c’est pratique. Maintenant, quand on me pose une question, je réponds : « je ne sais pas ».
Souvent, c’est vrai. Le reste du temps, je ne dis rien. Je reste assis, sans penser à rien. Comme le faisait souvent Lolita. Où je pense à elle. Je la revoie sur le banc du jardin, son air mélancolique, les yeux dans le vide à marmonner des paroles inintelligibles pour elle seule ou à chantonner devant la télévision. Elle pouvait la regarder pendant des heures mais était toujours incapable ne fus-ce que de donner le titre des émissions qui passaient devant ses yeux. Toujours perdue dans un monde à elle. Un monde où je n’avais pas ma place. Je fais pareil. Je reste chez moi, je regarde dehors, et je ne bouge pas. Le soir je sors, je vais dans des lieux branchés comme tous les jeunes de mon age et je ne fais rien. Je suis là mais je pourrais tout aussi bien être ailleurs. Un simple spectateur. Je bois, je rentre à l'aube, je dors et le lendemain, je recommence. Je ne vois plus mes amis d’autrefois, je ne réponds pas au téléphone. De toute façon je n’ai pas fait activer la ligne.
Une fois, j’ai croisé un homme noir. Grand et très stylé qui fumait des cigarillos. Mon cœur s’est emballé et j’ai vraiment eu la frousse. Il m’a croisé sans un mot, sans un regard. Mais je sais que c’était lui et je suis persuadé qu’il m’a reconnu. Darkness.
Je ne suis pas un héros moi. Je ne suis pas le super mec qu’on voit dans les films qui continue de remplir sa mission une balle dans le ventre et une autre dans l’épaule pour s’en remettre deux jours après, le sourire au lèvres et la fille dans les bras. Je suis faible. Un fils à papa, surprotégé qui craque devant un simple chagrin d’amour et une petite escapade. Peut-être aussi quelque chose d’autre. Quelque chose d’étrange, comme le frôlement d’un papillon de nuit qui vient vous chatouiller et vous laisser une impression bizarre, un soupçon d’anormalité, une ouverture sur l’impossible. Comme si j’avais pu toucher du bout des doigts quelque chose qui m’aurait submergé si j’avais tenté de l’atteindre. Alors, j’ai retiré la main. Je me suis emmitouflé dans mon cocon de dépression et je me suis enfermé chez moi. Car ça, les gens peuvent le comprendre. Déprimer ici, c’est presque un mode de vie. C’est normal.
Parfois, mon père vient me voir au levé du jour. Il m’oblige à me lever et je le suis comme un automate. On va jusqu’au parc. On fait le tour du lac. Doucement comme deux vieux au petit matin. J’ai encore du mal à marcher. Ou tout au moins je le fais croire. Parfois, on croise d’autres personnes et je me renfrogne juste à l’idée d’être autre chose qu’une ombre. La plupart du temps, on y va suffisamment tôt pour que ce soit désert sinon je refuse de bouger. On reste cote à cote, chacun à regarder devant soi. Peut-être qu’un jour, un de nous deux parlera. Parfois, mon père ouvre la bouche. Il inspire profondément et la referme. Je ne dis rien. Lui non plus. Nous ne sommes pas prêt. Ni lui, ni moi.
C’est ainsi que je n’ai pas vu passer ni le printemps ni l’été. Les premières feuilles sont tombées, puis les premières gelées. Et rien n’a changé. Lolita n’est pas revenue et je fais le tour du lac avec mon père. Il s’assied sur un banc, toujours le même, regarde le mouvement de l’eau et je m’assieds à ses cotés. Mais aujourd’hui, c’est différent. Je lui tends une feuille toute chiffonnée à force d'être restée dans le fond de ma doublure. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que c’est le moment. Peut-être qu’après ce sera trop tard.
Il regarde la liste. Des pseudo, des adresses, des numéros de téléphone. Ces noms, je les connais. Souvent je les ai lu. J’ignore ce qu’ils signifient. Quelque chose au fond de moi me dit que je ne veux pas le savoir. Je peux les traduire mais ça ne m’apporte rien. Parfois, je peux y rattacher un visage. Darkness, la Comtesse, Knowledge, Lolita. Lolita. Un espace vierge sur la colonne adresse. D’autres me sont inconnus : Soulsand, Constance
« Soulsand » murmure mon père. Il me la rend. Il sort une poche emplie de miettes de pain et en jette quelques-unes. Les canards arrivent, fidèle au poste. Un a un, puis de plus en plus nombreux. L’hiver arrive. La nourriture se fait rare.
Bientôt le lac sera gelé. De la buée sort de la bouche de mon père.
« Je crois que je dois savoir papa. »
Il frissonne. Non, ce n’est pas cela. Il pleure. Mon père. Cet homme puissant et implacable pleure. Je ne sais quoi faire. Il a l’air vieux soudain. Je voudrais le prendre dans mes bras mais, je me détourne. Il y a un fossé entre nous que je ne peux franchir. Peut-être celui de la connaissance.
« Ce que je vais te dire, tu le sais déjà. Tu refuses juste de le croire.
- Je t’en pris, je ne veux pas d’histoires détournées ou de métaphores à la Lolita.
- Il y a trente cinq ans de cela. J’ai eu un fils. J’en étais fou. Il s’appelait Lucas. Un jour, il avait treize ans, il a disparu.
- Je ne suis pas là pour acheter une alarme. Tes boniments commerciaux, tu les gardes pour tes clients ».
Il sort un paquet de cigarette de la poche de son veston. En allume une. C’est la première fois que je vois mon père fumer.
« Toi seul a décidé que ce n’était qu’une histoire. Je n’ai jamais menti à personne. En tout cas, pas là-dessus.
- Je suis allé jusqu’à vérifier auprès de l’état civil l’existence de cet enfant. Il n’a jamais existé. »
Mon père fixait le lac. Les canards affluaient. Il jette une autre poignée de pain.
« Il s’appelait Lucas. Il te ressemblait. J’ai tout fait pour le retrouver. Tout. Alors que la police faisait tout pour pourrir l’enquête. Il m’a fallu plusieurs années mais j’ai fini par réussir. Seulement poussé par la haine, je me suis jeté tête baissée dans l’arène sans savoir à qui j’avais affaire. Tu sais, la justice. C’est une belle connerie. Dans le monde réel, il y a les puissants et les faibles. Si tu es puissant tu peux tout avoir. Sinon… » Il attrape encore une poignée de pain qu’il jette aux canards qui s’amoncellent de plus en plus nombreux. « Sinon, tu n’as que les miettes. Eux, ils avaient mon enfant et moi, j’ai fini par devenir le pou qui leur gratte la tête. Je me suis pris une bonne raclée et j’ai failli courir m’en prendre une autre puis j’ai réalisé que si je voulais retrouver mon fils, il fallait que je reste vivant et que je devienne plus fort. Paradoxalement, pour rester vivant, je suis mort. »
Nouvelle cigarette. La tête me tourne. Je ne veux plus rien entendre, plus rien qui sortent du petit cocon de ma normalité. Je veux rentrer chez moi, me glisser sous mes couvertures et dormir. Dormir jusqu’à que tout cela soit passé. Que je me réveille un matin, qu’il fasse beau et que j’ai envie de me lever. Mais Il continue. « J’ai fait croire à ma mort. Il m’a fallu user de toutes mes ressources pour ça. J’ai fait des choses dont je ne suis pas fier, pactiser avec des puissances sans doute aussi mauvaises que celles que je combattais, les battre sur leur propre terrains mais j’ai réussi et je me suis offert une nouvelle identité sous le nom de Witches avec l’ambition de me frayer une place parmi les puissants.
- Tu veux dire que je porte un faux nom ?
- Non, tu es né deux ans après et ce n’est pas un faux nom, tous les papiers ont été faits pour que nulle part, un autre nom ne soit mentionné.
- Et c’est quoi mon nom ?
- Ton nom, c’est Witches. Qu’est ce que ça change que ce ne soit pas celui que ton grand-père a porté ? Tu ne l’as jamais connu de toute manière. Bref, c’était un pied de nez à tous. Une sorte de provocation que moi seul pouvais cerner. Du moins, le pensai-je. »
Il s’arrête. Je devrais dire quelque chose mais je ne sais pas quoi. Je frotte mes mains l’une contre l’autre pour les réchauffer avant de les faire disparaître dans les poches de ma parka et je regarde les canards. Je voudrais être un canard.
« J’ai fait ma vie. Je me suis fait ma place tout en cherchant inlassablement mon fils. Petit à petit, j’ai compris que je ne leur arriverais jamais à la cheville. Qu’ils contrôlaient tout. La justice, la police, les médias, l’information. Tout.
Et puis, est arrivé Lolita. Alors que je commençais à perdre espoir. Une pauvre fille en quête de liberté qui cachait son coté fleur bleu derrière un blouson de cuir.
Elle voulait fuir. Nous avons conclu un arrangement : Je m’occupais d’elle, je la cachais et en contre partie, je voulais récupérer Lucas. Elle a accepté.
Je lui ai fait un contrat de travail bidon sous un faux nom. En échange elle m’a remis une adresse avec un pseudo : Soulsand.
Je m’y suis rendu. Et là, après le voyage et les quinze ans durant lesquels je l’ai cherché, je n’ai pas réussi à sonner. Je l’ai épié comme un voleur. Je me suis fait son ombre. Je mangeais seul dans les restaurants où il dînait toujours bien entouré. Une fois, je me suis approché et ne sachant que dire, je lui ai demandé une cigarette. Il m’en a tendu une, l’a allumé distraitement comme on le ferait pour un mendiant et il a disparu. Il ne m'avait pas reconnu. J’ai compris que c’était trop tard. Je suis rentré chez moi.
- Et c’est tout ? Tu ne penses pas qu’il aurait voulu te connaître ?
- Non, ce n’est pas tout. A mon retour, j’ai parlé avec Lolita. Elle lui a téléphoné. Ils font partie de la même bande tu sais. Ils ne sont pas nombreux. Elle lui a parlé de moi. Elle lui a dit que j’étais vivant. Quelque temps après, j’ai reçu un message. Juste quelques mots sur une carte de visite. Il disait : « je suis désolé ». Et c’était signé Soulsand. Je n’ai pas eu d’autres contacts. L’année dernière, Lolita m’a dit qu’il avait tenté de tout claquer pour une fille mais qu’il s’était fait tuer. Une balle dans la tête. Sans doute d’un de ses propres collaborateurs. Peut-être cette Comtesse qui fait le joli cœur en racontant qu’elle s’est bien occupée de mon fiston.
- Je ne comprends pas, qui sont-ils ? Une organisation secrète qui kidnappent les enfants en toutes immunités ? »
Ils secouent la tête. « Je ne sais pas pour qui ils bossent ni ce qu'ils font. Lolita m'a dit avoir fait de l'espionnage. Elle n'a pas été plus précise. Personne ne le sait vraiment. Pas même eux » précise-t-il en désignant la poche dans laquelle je serre encore la liste. Je pense que leur but, c’est de faire du sale boulot. Ce genre de missions totalement illégales mais qui doit être faites. Afin de montrer coté face, une terre de justice et de liberté tandis que par derrière ils conditionnent des gamins à se salir les mains tout en leur faisant miroiter grandeur et pouvoir.
- Et Lolita ?
- Et Lolita évoluait là. Petite orpheline trouvée dans la rue puis choyée et gâtée avant d’être poussée à se lancer dans diverses manipulations politiques et économiques insidieuses et sans doute pire. Et puis, rouage qui défaille, elle a refusé de continuer et a filé en les tenant pas chantage. Mais le secret devait être préservé. Ils ont retrouvé sa piste et sans doute craqué ses moyens de pression. Elle devra retourner avec eux ou mourir. C’est ainsi. C’est pourquoi je suis mort.
C’est pourquoi aussi je ne t’ai rien dit. Je tiens à toi.
- Et personne d’autre ne le sait ?
- Allez savoir. Personne d’assez bête pour le clamer sur les toits. Dans le temps, alors que je portais encore mon ancien nom, j’ai connu une pauvre femme qui avait tout comme moi perdu un enfant. Je lui ai fait part de mes découvertes. Elle a pété les plombs, dévoilant la vérité au grand jour agrémentée en plus d’une touche mystique. Ca lui a valu dix ans d’asiles.
- La mère de Darkness ?
- Tu connais tout le monde à ce que je vois. Il est très dangereux. C’est un assassin. Le meilleur peut-être et c’était un ami de Lucas. Ils sont partis ensemble.
- Lolita lui faisait confiance.
- Ils ont grandi ensemble. Il existe certains liens ente eux. Si vraiment il avait voulu retrouver Lolita, il aurait réussi. Et sans doute beaucoup plus vite mais certains font traîner délibérément l’enquête, ou mettent sur le coup des personnes incompétentes. C’est leur job de maîtriser tout cela. Ils doivent se tirer dans les pattes mutuellement. De même, ils savent sans doute qui je suis et se taisent. Par respect pour celui qui fut des leurs ou pour d’autres raisons. Quant à savoir qui est de quel coté ?
Lucas était du coté de Lolita. Sa mort le prouve. »
Je baissai les yeux sur la liste. Soulsand : décédé. Rien de plus. Même pas un vrai nom. « Lolita me disait qu’ils avaient conclu une sorte de pacte. Un truc de gosse mais qu’ils respectent encore. Du moins certains.
- Oui, c’est un peu plus qu’un truc de gosse en effet.
- Non, je l’ai vu. Une vieille boite en fer blanc ou chacun a mis des rognures d’ongles et je ne sais quoi encore.
- Tu as vu ça ? »
Je hochai la tête. « Ca n’avait rien d’extraordinaire.
- Alors oublie-le. Ca pourrait te porter malheur. »
J’évoquais l’ébauche de mon premier sourire depuis six long mois. Lolita aussi disait ce genre de bêtise. »
Mon père s’était levé. Je fis de même. Il fit quelques pas puis s’arrêta et se tourna vers moi : « C’est peut-être des jeux d’enfants. Mais d’enfants qui jouent avec des puissances qui les dépassent et que nul ne devrait approcher. Je croyais que tu l’avais compris. Lolita ne parlait jamais en métaphore. »
Une ombre, des feuilles qui craquent, une silhouette « Witches mais pas assez. Mon petit doigt me dit que quelque part quelqu’un parle trop très cher. Et ce n’était pas dans notre accord ça. »
Un parfum, une femme, un manteau de laine noire et un col de renard, un diadème, cascade de diamant. Un coup de feu, un cri, un coup. Douleur, Encore une arme. Des cris, du sang, Plus rien.
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