mercredi 28 novembre 2007

Chapitre 9

J’étais dans une voiture. A coté de moi, la femme la plus belle qu’il soit. Nous roulions sur une route déserte sous un ciel étoilé. Naissance d’une idylle ? Non, une ombre au tableau. Ma compagne était folle. Et moi, j’étais fou d’elle. Elle s’est arrêtée au petit matin. Je m’étais endormi. L’arrêt du moteur m’a réveillé. Je me sentais paumé, elle m’a dit qu’on allait s’arrêter là, que prendre un hôtel serait du temps perdu en plus d’être risqué et qu’elle allait dormir un peu. Je me suis rendormi. Quand je me suis réveillé, c’est elle qui dormait allongée sur la banquette arrière. Elle a dormi longtemps et durant tout ce temps, je l’ai regardée. Je regardais ses joues trop pâles, ses cils si noirs, ses sourcils parfaitement dessinés sur une peau lisse et jeune, ses lèvres pulpeuses qui semblaient si douces. Sa bouche était légèrement entrouverte comme une invitation au baiser. J’écoutai sa respiration tranquille. Elle avait l’air si frêle, si calme et si…normale. J’aurai voulu la voir toujours ainsi. Reposée, sereine, tranquille. Et surtout j’aurais voulu pouvoir me réveiller tous les jours à ses côtés. Elle ouvrit les yeux, s’étira et me regarda. Elle me sourit et mon cœur s’emballa.

« On va manger » dit-elle « j’ai faim » Elle reprit sa place au volant et roula jusqu’à un village. L’après-midi était bien entamé, on ne trouverait pas de restaurant ; De toute façon Lolita estimait que c’était trop dangereux. Elle devenait paranoïaque ces derniers temps. Ou peut-être juste prudente. Elle m’envoya acheter des sandwichs et un plan de la région. « Tu es un otage » me dit-elle. « Personne ne pensera qu’un otage se balade seul dans une superette. Ce n’est pas crédible ».

Logique. Je ramenai des sandwichs. Lolita redémarra la voiture et fit encore quelques kilomètres suivant mes instructions à partir de l'adresse qu'elle m'avait donnée avant de bifurquer sur une route secondaire et finir au fond d'une impasse et nous les mangeâmes en silence dans la voiture face à un château de style moyenâgeux accroché sur une colline.

Ensuite, on attendit. Lolita regardait le château, moi, je regardais Lolita. Je savais que ce n’était pas le moment mais je cherchais tout de même un truc à dire. Je cherchai les mots qui pourraient la faire vibrer, qui pourrait lui ouvrir les yeux, lui faire voir que j’étais à ses côtés, moi, Tony Witches, un homme et pas le petit garçon dont elle avait la charge. Celui qui pourrait la rendre heureuse. Mais elle n’était pas encore prête. Elle finit par se tourner vers moi et je la regardais avec tout l’amour du monde dans les yeux m’approchant doucement.

« Passer la grille ne devrait pas être un problème » dit-elle soudain. Je basculai dans le monde réel. L’instant magique était passé. Il n’avait peut-être jamais existé. Elle continuait : « Il faudrait s’approcher pour évaluer les caméras de sécurités, les gardes potentiels et autres difficultés. Le mieux serait d’espionner et attendre qu’elle sorte mais rester dans le coin ne me parait pas sain. Si on joue intelligemment je devrais pouvoir entrer, faire ce que j’ai à faire et ressortir ni vu ni connu. Houai ce serait l’idéal. Quoique, narguer cette pétasse me ferait bien plaisir.

Elle se tut et attendit comme si je devais dire quelque chose. Qu’aurais-je pu dire ? Je n'avais même pas saisi ce qu'on faisait là. Je savais qu'elle avait un compte à régler avec la châtelaine et qu'elle s'apprêtait à entrer illégalement. J'avais essayé de comprendre, elle m'avait dit "t'occupe et lis-moi cette putain de carte" je lui avais fait remarqué que ce n'était pas le moment d'enfreindre la loi. Ca l'avait fait rire. Elle avait dit : « justement, si. Au point où j'en suis un peu plus ou un peu moins.

- Parce que tu en es à quel point ?

- Tu te souviens pas, je fais dans l'enlèvement. »

Très drôle, ce que je voulais c'était en savoir plus. Ok la châtelaine avait joué un sale coup à une de ses copines. Mais quoi exactement ? Et Lolita que voulait-elle lui faire. Je croisais les doigts pour que ce soit encore juste des histoires de gamins comme leur pacte. Genre, tu as tiré les cheveux de ma copine, je te fais un croque en jambe et ça s'arrête là. Je craignais que ça ne s'arrête pas là. Les enfants sont souvent méchants entre eux mais ça va rarement loin. Les adultes sont rarement méchants mais ça va souvent loin.

J’examinai le bâtiment à contre coeur. Une belle bâtisse carrée moyenâgeuse en parfait état avec quatre tours formant les coins. La sécurité, ça me connaissait, j’avais grandi dedans. Je repérai déjà une caméra de surveillance à l’entrée de la grille.

Et voila que, je me retrouvais sans trop comprendre comment à discuter le plus tranquillement du monde des différentes façons d’entrer en infraction dans un château, crapahutant dans les hautes herbes autour du parc pour repérer d’éventuelles caméras de surveillance, chiens ou autres artifices tandis que Lolita chantonnait d’une façon litanique. Le soir venu, j’avais les jambes coupées à force d’avoir marché et l’air d’ « une souris verte qui courrait dans l’herbe » me trottait en tête d’une façon désagréable a force d’avoir entendu Lolita ressasser cette comptine toute l’après-midi. En plus d'être stupide, J’estimai beaucoup trop risquée une telle entreprise et suggérai à Lolita d’y renoncer encore une fois quand la première voiture franchit les grilles du parc. Nous reprîmes notre poste d’observation dans la voiture. La première voiture fut bientôt suivie d’une deuxième puis ce fut un véritable défilé de limousine.

« Madame la Comtesse reçoit » se contenta de faire remarquer Lolita.

Je ne savais pas si c’était de bon ou mauvais augure. S’il y avait du monde, entrer dans la propriété serait plus facile. D’un autre coté, la surveillance serait sans doute plus importante. Je fis part de ses réflexions à Lolita mais en insistant spécifiquement sur les risques accrus tandis qu’elle triturait encore une cigarette éteinte en marmonnant. De toute façon, je ne voyais aucun motif pour lequel elle devait se rendre là-bas. Je lui fis un étalage des risques, une démonstration par A plus B de ce qu’il adviendrait si elle se lancer dans une entreprise aussi absurde et elle, elle ouvrit la porte de la voiture, me la claqua au nez et disparut dans la nuit. La garce.

Je suis resté comme un con. Pas longtemps cela dit. Il était évident que je n’allais pas laisser ma Lolita seule dans la fosse aux lions. Je songeais à entrer avec la voiture. Les grilles étaient restées ouvertes et personne ne surveillait l’entrée. Par contre arrivée au château, les voitures étaient dirigées sans doute vers des parkings à l’arrière et les portiers vérifiaient sûrement les invitations. Du moins, en général, c'était l'usage. C’est que je connaissais un peu le milieu. Plus que le manque d’invitation, ce qui me décida, c’est de voir qu’il n’y avait que des voitures de luxe et que notre tas de ferraille faisait tâche. Dire que j'avais une splendide décapotable qui maintenant devait pourrir en petit morceau dans le garage d'un bouseux loueur de chambre d'hôte. Je me décidais à escalader les grilles à l’arrière. J’alternais entre les moments où je me sentais ridicule à agir ainsi et ceux où je me prenais pour un héros imaginant comme je pourrais sauver ma belle tout en me demandant par la suite comment j’expliquerais mon comportement à la police alors que, même moi, je ne savais pas ce que je foutais dans ce merdier. Bon, il y avait des chiens. On ne les avait pas repérer durant l'après midi mais j'entendais des aboiements. Ils devaient être attachés. De toute façon lors des réceptions, c’était obligatoire. Si j’étais repéré, je pourrais toujours faire croire que je suis un invité égaré. Et que j’avais égaré mon smoking aussi. L’arrière de la bâtisse était plongé dans l’obscurité et je trébuchai plusieurs fois sans pouvoir dire sur quoi. Au fur et à mesure de mon avancée, mes yeux s’habituèrent à l’obscurité et je distinguai la structure de pierre et la vaste terrasse que je traversai. Il y avait une entrée à l’arrière. Rien à voir avec le grand porche soutenu par plusieurs colonnes. Ici, il ne s’agissait que d’un petit auvent bien plus modeste couvert de ce que j'identifiais comme une glycine, plus à l'odeur qu'à la vue. Il n’était pas bien haut, je me décidai à grimper et fut étonné moi-même de réussir sans trop de difficulté en m'agrippant aux plantes. Ce n’était pas un exploit mais ça faisait un certain nombre d’année que je n’avais plus joué à ce genre de chose. De là, je réussis à atteindre une fenêtre. Fermée comme il se doit et grillagée en plus. Par contre une autre était entrebâillée à peine plus loin. C’était ma chance, je la saisi. Je m’avançais sur une mince corniche me retenant de toute la force du bout de mes doigts, autant dire, pas grand-chose et m’accrochai au chambranle alors que mes pieds glissaient dans le vide. Je me hissai à l’intérieur. La fenêtre avait été forcée. Pas besoin d’être une lumière pour deviner qui en était responsable. Je me laissai glisser contre le mur le temps de laisser mon cœur reprendre un rythme normal puis, comprenant que je n’arriverais pas à évacuer la trouille qui me torturait, je décidai de m’en accommoder et m’obligeai à me relever dans la pièce obscure. Je traversai une salle que je ne pus définir et passai dans celle d’à coté sans oser allumer la lumière. J’avais la sensation de faire autant de bruit qu’un éléphant et je me pris les pieds dans un fauteuil. La lumière m’aveugla d’un coup et de mes mains, je me protégeai instinctivement le visage de tout ce qui risquait de me tomber dessus.

« Putain, qu’est ce que tu fous là ?"

C’était Lolita. J’avais pas l’air fin moi. « Tu as dit que tu devais me protéger alors, protège-moi. Sors-moi de là. » Pas très percutant comme remarque mais l’essentiel, c’était qu’on se tire d’ici.

« Comment es-tu entré ?

- De la même façon que toi. Moi aussi j’ai été élevé au milieu des systèmes de sécurité. Je savais craquer une alarme avant mes dix ans et j’ai autant l’œil pour repérer des caméra qu’un botaniste pour voir des edelweiss.

- D’accord, on s’en va. » Un poids de dix tonnes s’évacua de mes épaules tandis que je reprenais déjà le chemin inverse. Avec la lumière c’est plus facile. Nous étions dans un salon, dans le noir, j’aurai cru une chambre. Mais au fond, on s’en fout.

La porte vers laquelle je me dirigeais s’ouvrit toute grande. Une femme. Grande, belle, un fourreau lamé argent pour tout vêtement apparut sur le seuil.

Trop tard.

« Je savais que je ne devais pas monter. J’ignorais juste le pourquoi. Et je suis très curieuse » précise la nouvelle venue, elle une main sur la hanche, une cuisse dépassant de sa robe dans une posture qui n’avait rien de naturelle.

« Miss Teigne. » s’exclame Lolita

« La Comtesse, je préfère. Ca fait quoi ? bien dix ans non.

- Par là oui. A te voir, j’aurais pensé quinze. C’est fou ce que tu as vieilli. La pierre ne te réussit pas. Trop humide peut-être.

- Charmante. Qu’est ce qu’on fait ? Nous restons debout à nous envoyer des mesquineries comme des enfants ou nous nous asseyons et discutons comme des adultes responsables » Elle toisa Lolita des pieds à la tête d’un air de dédain. Je ne l’aime pas cette femme. « Je vous offre à boire ? » Sans attendre la réponse, elle se dirige vers un bar dans un coin du salon. « Je m’excuse, je vais faire le service moi même. Mes domestiques sont occupés en bas. Je prête les grands salons pour des expositions. Des jeunes talents. De la peinture principalement. C’est un concept très intéressant. Ca permet à de futurs artistes de se faire connaître. Les invités sont triés sur le volet évidemment.

- Evidemment » reprend Lolita imitant l’accent prétentieux de la maîtresse des lieux en acceptant le verre qu’on lui propose. La Comtesse ne parait pas s’en émouvoir, elle continue sa prestation comme si elle n’avait rien remarqué des moqueries de la femme de ma vie. En ce moment, je ne me sens pas fier d’elle. Ni de moi d’ailleurs. Mais au moins on ne s’en tire pas trop mal. Pourquoi Lolita ne s’est-elle pas tout simplement annoncé et demandé à voir cette femme si elle y tenait tant. Tout aurait été plus simple et elle ne semblait pas méchante. Un peu snob, sans doute et sa façon d’être n’a rien de naturelle. C'est vrai qu'elle avait un peu une tête à claque mais on ne peut lui en vouloir. Nous sommes entrés chez elle par effraction. Elle aurait pu appeler la police mais elle se contente de nous parler de son exposition.

« Le produit des ventes est reversé à une œuvre de charité. Je ne me souviens plus laquelle. Des enfants je crois. Ou des chiens.

- Je doute que ça présente le moindre intérêt à tes yeux.

- Lolita ! » -air offusqué, main sur le cœur- c’est sur, c’est une pitoyable comédienne « Qu’imagines-tu. Les œuvres de charités sont un concept très en vogue dans mon milieu. Précise-t-elle un sourire se dessinant au coin des lèvres.

« La gueule du milieu. Tu as épousé un pseudo-aristocrate si j’ai bien compris.

- Un authentique. C’est histoire de titre acheté, c’est de la diffamation.

- Pour t’infiltrer dans le milieu.

- Par amour très chère, par amour. Je ne peux pas dire que je sois faite pour ce monde. C’est un milieu d’homme, très machiste. Un exemple. Pas plus tard que la semaine dernière. Je m’occupais des invitations pour la réception de ce soir. Nous avons des listes pour ce genre de chose. Je note une invitation au nom de mademoiselle de Garye.

Vous connaissez ? Non, bien sur, sûrement pas où avais-je la tête. Bref. On me fait remarquer que cette jeune dame, s’était mariée. Alors, je veux mettre l’invitation au nom de monsieur. Et voilà que mon major d’homme se racle la gorge. Je lui dis : “que se passe-t-il mon brave ?” Il m’explique que le monsieur de madame n’est pas comme il faut.

Il m’a fallu du temps pour comprendre. En fait, cette jeune dame a fait une mésalliance. Moi, je ne voyais pas en quoi cela me concernait sauf évidemment pour servir de potin pour une soirée. Mais voyez-vous, dans ce milieu, si une femme épouse un monsieur de petite naissance, elle est exclue des cercles alors que quand c’est une dame de simple naissance qui épouse un noble, elle rafle le pactole. N’est-ce pas amusant ?

- Et il est mort et tu as raflé.

- Oui, une tragédie » Main sur le front, air éploré « Un accident horrible.

- Et bien sur tu avais un alibi.

- Ho, très chère, qu’imaginez-vous. Tu vas rire, j’étais avec ma belle-mère. Si ce n’est pas cocasse. Elle était très malade. Alors que son fils agonisait dans un fossé, je lui tenais la main en lui lisant des textes saints. Son infirmière peut en témoigner. Pas ma belle-mère. Elle est morte peu après. De sa belle mort. Bien entendu.

- Bien entendu.

- Mais je parle, je parle et tu ne m’as même pas encore présenté ton ami.

- Parce que j’ai besoin de te le présenter ? »

Air de feinte ignorance forcée. « Je devrais ?

- Tony Witches » dit-elle me désignant.

« Hooo, Witches bien sur. Je connais votre père bien entendu et… » hésitation « …Et voilà. Nous sommes entre nous alors si je comprends bien.

- Non. »

La Comtesse jette un air désespéré à Lolita avant d’en revenir à moi. « D’accord. Bref, je disais que je connaissais votre père. L’année dernière, je me suis retrouvée invitée à son club alors que j’étais en vacances en province. J’ai eu le plaisir de faire sa connaissance. Un homme charmant. Il est dans la sécurité je crois ?

- Teigne, tu touches pas.

- T’es mal placé pour dire ce que je dois faire ma cocotte. Mais là n’est pas la question. J’ai une sorte d’accord avec Monsieur Witches.

- Quel genre ?

- En tout cas pas une histoire de gosse. Un accord d’adulte clair et sans bavure. Je lui fous la paix, il me fout la paix. Il ferme sa gueule et je ferme la mienne.

- Très élégant.

- Pétasse.

- Comtesse, vous me choquez. »

Elle pose son verre. Elle a perdu toutes ses bonnes manières. Elle se reprend, sort un soupir particulièrement étudié et récupère son personnage caricatural. « Mes invités m’attendent. Si vous voulez m’excusez, je vais être obligé d’en finir. Peut-être monsieur Witches junior veut-il prendre de l’avance ?

- Pardon ?

- Tony, fiche le camp » Lolita m’avait attrapé par le bras, me serrant presque avec violence avant de me jeter vers la fenêtre par laquelle j’étais entré.

« Mais Lolita...

- Discutes pas.

- Non, il veut rester. A son aise, il pourra admirer ma prestation. »

Raclement de gorge. Hurlement strident. « A l’aide, au secours ».

Lolita se précipite sur elle en criant « Fiche le camp Tony ». Je voudrais bien mais avec Lolita.

Elle la jette à terre. Des pas résonnent dans l’escalier. La Comtesse hurle de plus belle. Des projecteurs s’allument dans le parc. Lolita se relève, m’attrape la main et me pousse par la fenêtre. Je saute sur le coté pour atteindre le auvent de l’entrée suivi de Lolita. Un projecteur se braque sur nous. Un haut parleur nous ordonne de nous rendre. La comtesse hurle toujours.

Je me tords le pied en atterrissant sur le sol mais ça va. Lolita se pose tel un chat à mes cotés. Des aboiements de chiens. Les grilles du parc me semblent au bout du monde. Une arme à feu. Un coup. Sans doute une manoeuvre d’intimidation.

Lolita m’attrape par les épaules et me relève. « Commande le hasard. Oblige le à t’aider et cours dit-elle. Elle m’embrasse. Un léger baiser au coin des lèvres ?. Ou n’est ce qu’une illusion née de mon imagination et de la caresse de ses cheveux près de mon visage. Elle me parlait, c’est tout. Elle a disparu dans l’obscurité. Des faisceaux de lumière traversent le parc. Je panique. Je me mets à courir. La lumière se braque à nouveau sur moi. Un coup de feu retentit. Je tombe. Quelqu’un me tire en arrière. Une femme, je sens son parfum. Elle me sert contre elle. Lolita.

Du monde, du monde partout. Des gens affolés. Ils courent. Je m’enfonce dans les ténèbres. Les bruits s’estompent.

Des cris de nouveau, tout prêt, je reprends conscience « A l’aide ! »

Non, ce n’est pas Lolita.

« Vous avez eu ce salop ?

- Abruti, ce n’est pas lui, c’est la fille. Il était son prisonnier. » Elle renifle, Sort son mouchoir. Essuie son visage puis le mien et continue à parler. « Elle voulait que je lui ouvre le coffre. Comme j’ai refusé, elle l’a frappé au visage et lui a donné un coup dans le ventre. J’ai paniqué, j’ai crié et elle l’a obligé à passer par la fenêtre et quelqu’un lui a tiré dessus. Il saigne, vite, faites quelques chose, appelez un médecin ».

Des pas, quelqu’un court. Une femme me serre contre elle. La Comtesse, pas Lolita. Je me laisse aller. Je n’en peux plus. Peut-être étais-je vraiment prisonnier ? Elle m’éloigne, pose ma tête sur ses genoux, me caresse les cheveux. Doucement, délicatement. Je ne souffre pas, je ne sens plus mon corps. Elle éloigne sa main puis la rapproche. Très vite, trop vite. Ma tête explose. Le sang remplit ma bouche. Un coup tout aussi violent me coupe le souffle. Je veux fuir. Ma jambe. Je souffre. Je ne comprends pas

« Qu’est-ce que ?

- Je viens de dire que la pouffiasse t’avait frappé. Il faut bien que ça fasse vrai. »

Elle me tire à nouveau vers elle. La douleur m’arrache un cri. Elle me serre contre elle, m’étouffe.

« Ha docteur. Enfin vous êtes là. Faites quelque chose. Pour l’amour de Dieu, sauvez-le ».

Le monde disparaît autour de moi. Le cauchemar s’estompe. Bientôt, je me réveillerais. Chez moi et la vie reprendra son cours...avec Lolita

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