Je fis mes adieux le lendemain à Anna. Je ne lui donnais pas de raison à mon départ après tout, jamais je ne lui avais dit que je resterais. J’espérais qu’elle ne retourne pas à la grotte et ne voit pas que le mur avait été détruit. Elle devinerait que c’était moi et m’en voudrait. J’eux un pincement au cœur en partant, je m’étais presque attaché à cette vie simple. Presque car je restais un citadin dans l’âme et mon but ultime n’avait pas changé : retrouver Lolita. J’avais depuis longtemps rendu ma voiture de location aussi je partis à pied jusqu’au village où je trouvai une âme charitable pour me conduire à la gare et de là je pris le train vers la civilisation.
Je retrouvais le vacarme des voitures et des marteaux piqueurs, l’odeur de goudron, et ma vue fut agressée par la multitude des panneaux publicitaires. Le petit pécule versé par les enfants d’Anna pour mes services me permit de louer une chambre et, une fois installé, je sortis de ma poche la liste que je connaissais maintenant par cœur. Darkness, Constance, Knowledge.
Knowledge. La serveuse punk. Je suis retourné dans le bar où elle travaillait, sans résultat. A l’adresse mentionnée, je suis tombé sur un couple d’hommes qui m’ont dit avoir loué l’appartement depuis peu par une agence. Je retrouvais le propriétaire qui me donna le nom de l’ancienne locataire qui se trouvait être en effet une certaine Elisa Knowledge qui était partie sans laisser d’adresses. Bien sur, nul mention de ce nom dans l’annuaire. Mais il me restait une carte à jouer, celle de la chance. Je voulais retrouver Knowledge et si vraiment il y avait des puissances supérieures qui pouvaient m’aider je devais être capable de m’en servir. Je l’avais déjà prouvé.
Je repris mon annuaire, pris d’une soudaine intuition. Lolita comme nom de famille je cherchai en ville, dans les communes alentour. Je refis la même recherche avec Katarina Juste. Sans succès. Je fermai l’annuaire et donnais un coup de poing dessus pour me défouler avant de lire la date. Il était vieux de deux ans. Rien à espérer.
J’attrapais ma veste, descendis et fis quelques pas jusqu’au cybercafé. L’annuaire était mis à jour sur Internet et je pourrais facilement élargir ma recherche sur un périmètre plus large. Je recommençais mes recherches. Katarina Juste d’abord, sans résultat. Lolita ensuite en nom de famille. Bingo, Justine Lolita et comme par hasard, quasiment à coté de l’appartement de Darkness. Comme le monde est petit. Je profitai du temps restant pour élargir mes recherches sur Knowledge, sans succès et partis pour l’appartement de Lolita et m’arrêtais devant un bel immeuble en pierre où je trouvai écrit, parmi les autres noms, celui de Lolita en évidence dans la liste de l’interphone. C’était si facile, à croire qu’elle me narguait. J’approchais mon doigt et au dernier moment, je me retins. Qu’est ce que j’allais faire ? Est ce que je ne risquais pas de me faire massacrer par une poupée de chiffon en faisant ça ? Ou pire, n’était ce pas dangereux pour Lolita ? Et si je gâchais tout en y allant les mains dans les poches ?
Je fis demi tour. Tout ce temps je l’avais consacré à en savoir plus. Si je voulais sauver Lolita, je devais être mieux préparé
***
Je décidai de trouver Knowledge, pas de la chercher, de la trouver. C’était l’amie de Lolita et par là une alliée potentielle de poids. J’allais moi aussi jouer sur leur propre terrain. La tâche s’avéra ardue tous les jours, j’allais jusqu’à l’appartement de Lolita espérant l’apercevoir, juste pour être sûr qu’il s’agissait d’elle. Je tournais en rond en bas de l’immeuble, parfois je m’approchais de l’interphone et repartais me promettant que le lendemain, je ne viendrais pas.
Le printemps est arrivé et je comptais profiter du retour des beaux jours avec Lolita mais je ne ferais pas l’idiot. J’ai remis mes lunettes de soleil, j’ai passé la main dans mes cheveux et continué à avancer sans me préoccuper de la boue qui maculait déjà le bas de mon pantalon. Si j‘avais su où j ‘irais, j’aurais mis d’autres chaussures. Je n’étais pas loin de la ville pourtant, je me serais cru en pleine forêt. Je commençai à désespérer. Des semaines que je suivais cette piste, toujours pour me retrouver le bec dans l’eau. Lolita m’avait dit un jour de ne jamais jouer avec des personnes ayant plus de chances que soi. Pour elle, c’était un jeu. Je songeai à rentrer chez moi mais non, je devais rester encore. Quelque chose en moi me le soufflait. Quelque chose que j’avais appris à écouter. Sans doute était-ce encore une mauvaise piste. Je recommençai à avancer en marmonnant toujours comme le faisait Lolita qui chantonnait des comptines quand elle se concentrait sur son intuition.
« Bonjour. Je peux marcher avec toi ? »
C’était une femme, la trentaine, cheveux châtains derrière les oreilles, un Ipod autour du cou, un écouteur dans une oreille l’autre pendant sur sa poitrine.
Je fronçai les sourcils. J’attendais quelqu’un d’autre ou du moins je l’espérai et, je l’avais exigé plus fort que jamais, ma chance devait me la mettre sur mon chemin « On se connaît ? »
La jeune femme ne répondit pas, concentrée sur ses pas pour les mettre aux mêmes rythmes que les miens comme s’il s’agissait là d’une manœuvre fort complexe. Elle était jolie et elle avait un air de déjà vu. Je ne cherchais pas à me rappeler. Elle pouvait marcher à coté de moi, le parc était à tout le monde mais j’avais travaillé dur depuis plusieurs semaines pour trouver la piste de Knowledge.
Je repris ma marche et elle resta à mes cotés, les mains dans son pantalon de jogging trop large, sautillant à petites foulées ridicules. Elle s’arrêta un instant. Je la laissais derrière moi sans regret mais au bout de quelques enjambées elle se retrouva à mes cotés. Elle avait attaché ses cheveux à la va vite dans un élastique. « Tu n’es pas venu pour me voir ?
- Je ne pense pas non. »
Elle tritura son Ipod, replaça ses écouteurs et une cacophonie arriva jusqu’à moi. « Je m’appelle Knowledge » dit elle s’arrêtant soudain et me tendant la main.
Je me tournai et l’observais. C’était bien elle que je cherchais mais même en y regardant de prêt je ne voyais pas de ressemblance.
« J’attends quelqu’un de ce nom mais je me souviens d’elle comme une fille qui se maquillait comme une pute et avait des cheveux orange et turquoise dressés sur la tête ».
Elle se passa la main dans ses cheveux châtain et se gratta la tête « Je suis pas sûre que c’est un compliment. » elle réfléchit « Mouai. En fait non. J’avais la tête rasée à l’époque. C’était une perruque. Mais peu après, je me suis dit : merde ma fille. C’est trop tard, fallait y penser avant. Et puis ça change quoi au fond ? Hein, je te le demande. Quand t’as une pouffiasse qui t’en veux, elle trouve un moyen. »
Je me remets à marcher. Elle aussi. « Je veux retrouver Lolita. » Lui dis-je
« Lolita houai ». Elle acquiesce. « C’est une brave fille. Elle m’a sauvé la mise. Elle a un appartement. Attends, j’ai son adresse quelque part. Elle s’arrête et se met à fouiller au milieu de dizaines de bouts de papier chiffonnés dans un minuscule sac orange vif.
- Je la connais. Je l’ai trouvée.
- Ho. Tu as eu de la chance.
- Si c’est comme ça qu’on dit, j’ai trouvé son adresse sur les pages jaunes.
- Oui, ça marche aussi »
On se remet à marcher
« Moi je suis sur liste rouge. Tu y as été ?
- Où ?
- Chez Lolita
- Non.
- Pourquoi ?
- Peut-être parce que ça me tuerait. Il y a une bande de dingues qui me menacent avec une poupée de chiffon.
- Moi aussi, c’est le genre de raison qui me fait flipper. Cela dit. Je ne pense pas que ta vie soit en jeu. S’ils te tuent, ils n’ont plus de moyens de pression sur elle. Non, ils peuvent te mutiler, te faire souffrir de mille façons. Constance a beaucoup d’imagination. L’imagination ça compte, le savais-tu ? L’aiguille, ce n’est qu’un support mais l’imagination. Ca, c’est puissant. »
Ok, j’avais en effet bien fait d’attendre. Cela dit après plusieurs mois passés avec une vieille inquisitrice ma patience était à bout et l’extravagance de Knowlege qui, tout en parlant de façon incohérente, ne pouvait s’empêcher de sautiller portait sur les nerfs.
- La ferme Knowledge. Tu peux m’aider. »
Elle s’arrête, fronce les sourcils. Je m’immobilise à mon tour et me retourne
« J’aime pas trop qu’on me parle comme ça ».me dit-elle
Elle avait raison, ce n’était pas comme ainsi que j’obtiendrais de l’aide et c’était la dernière personne vers qui je pouvais me tourner avant de me jeter dans la gueule du loup en martelant la porte de Lolita « Je suis désolé ». C’est vrai, je l’étais. J’étais à cran. Je ne dormais plus, je passais des heures au coin de la rue où habitait Lolita juste dans l’espoir de l’apercevoir.
« Tu ressembles à ton frère.
- Pardon ?
- Soulsand, tu lui ressembles. Mais pas pareil. Enfin je veux dire que tu lui ressembles mais Soulsand, je l’aimais comme une folle. Tandis que toi, c’est pas pareil. Enfin, je ne veux pas dire que je ne t’aime pas. Je ne te connais pas.
- Il s’appelait Lucas.
- Pardon ?
- Soulsand, il s’appelait Lucas. » Tout en disant cela je serrais ma liste en papier au fond de ma poche. C’était une des dernières choses que mon père avait dit avant de mourir.
- Ho. Moi aussi j’ai eu un nom, je crois, quand j’étais petite. Je ne m’en souviens plus. Ou alors je n’ai pas envie de m’en souvenir. Bref, c’est par ici. Elle me prit la main et me désigna une sortie du bois.
- Qu’est ce qu’il y a par ici ?
- Tu m’as demandé de t’aider. Crois-tu vraiment que je peux t’aider juste en faisant dix fois le tour du bois ? J’te jure. T’es pas normal toi. »
Le culot ! Parce qu’elle l’était elle sans doute. Je la suivis. Elle appuya sur sa clé de voiture et me désigna le côté passager. Je pris place dans une voiture de sport tape à l’oeil. « Jolie voiture.
- Oui, j’aime bien les voitures. Ca se conduit bien. J’aime bien les motos aussi. Enfin tout ce qui va vite. Quoiqu’en ville, le métro, c’est plus pratique. Je songe à déménager. Je voudrais m’acheter une baraque à la campagne. Tu sais, un truc tranquille. D’un autre coté, la ville c’est bien aussi. En attendant, quand ça me prend, j’me casse pour un week-end à la campagne ou je vais jusqu’à la mer. J’y vais à fond. Ils peuvent me donner toutes les contraventions du monde, je m’en fous, je les fais sauter.
- Et le reste du temps, tu fais quoi ?
- Pas mal de chose. J’aime bien les jeux vidéo, ça me détend et je fais de la déco dans une association de quartier. Macramé, peinture sur soie, ce genre de chose, mais j’en ai un peu marre là. »
D’accord. Ce n’était pas vraiment la réponse que j’espérais.
Elle s’arrêta devant un immeuble et me désigna la boite à gant. Tu devrais trouver le boîtier de commande du garage là-dedans. »
Je le trouvai et appuyai.
« On est où ici ?
- Ben, on est chez moi.
- J’ai cherché pas mal de temps ton appart. »
« Celui qui serait capable de trouver le nid douillet de Knowledge n’est pas encore né » dit-elle fièrement. « C’est que je le protège mon chez moi
- Ce n’est pas dangereux ?
- Pour toi ? Non, je ne pense pas.
- Je veux dire ton appartement n’est pas surveillé ? » Elle hésite, se mort la lèvre « Pas trop. Ca va. Enfin je crois.
- Et moi ?
- Toi, il y avait un mec qui te suivait mais il lui est arrivé une merde. Au sens propre. Des problèmes intestinaux quoi. Enfin, je ne suis pas sur qu’on puisse parler de sens propre dans ce cas. Disons dans un sens pas métaphorique mais au fond, je ne suis pas certaine qu’il t ‘espionnait mais ton retour en ville n’est pas passé inaperçu. Tu étais chez la mère de Darkness c’est ça ? »
Super et moi qui m’inquiétais de ma couverture. « Comment le sais-tu ? »
Je l’ai entendu dire. Une nièce de Darkness je crois. La vieille folle lui a dit qu’un certain Tony lui donnait un coup de main. Pas discret de se présenter sous son vrai nom.
C’était trop beau d’imaginer qu’elle aurait oublié son nom à chaque fois qu’elle avait parlé de lui à sa famille.
« Darkness a dû passer voir mais je crois que ça l’a plutôt fait rire ». Continuait-elle « L’héritier Witches qui récure les bouses dans l’espoir que maman lui livre ses élucubrations démoniaques, a-t-il dit.
C’est là. » Ajouta-t-elle désignant une porte.
D’accord, je m’étais fait abuser du tout au tout. Je croyais trouver des réponses pour doubler Darkness mais je ne faisais que jouer les serviteurs de sa mère pour peu de réponses et durant tout ce temps tandis que Darkness se moquait de lui dans son bel appartement.
Elle inséra la clé et me fit entrer dans un appartement bien éclairé. Pas étonnant que je ne l’ai pas trouvé, jamais je n’aurais imaginé ça d’elle. Je cherchais une punk déjantée pas une fille qui fait du macramé dans un quartier bourgeois et conduit des voitures de sports « C’est joli chez toi.
- C’est vrai, ça te plait ? Je ne reçois pas beaucoup, je n’ai pas d’amis mais j’aime m’occuper de la décoration. J’aime bien faire des trucs moi-même. » Elle était toute excitée juste parce que j’avais dit un mot gentil. Knowledge, c’était l’opposé de Lolita. Elle était aussi joyeuse que Lolita était mélancolique. Le jour et la nuit. Elle m’emmena dans la cuisine me montrant des paniers en osiers qu’elle avait fabriqués, des guirlandes de petits lapins en tissus puis des fauteuils qu’elle avait recouvert de tissus assortis aux rideaux qu’elle avait peints elle-même. Ensuite elle me proposa du thé tout en s’excusant de ne pas avoir de café en expliquant qu’elle n’aimait pas ça et répétant qu’elle ne recevait pas beaucoup mais qu’elle devrait tout de même s’acheter une cafetière car c’était plus gentils si quelqu’un venait ne fut-ce qu’un voisin même si aucun voisin ne venait jamais. J’acceptais son thé. Je n’aimais pas ça mais je voulais lui faire plaisir, je voulais qu’elle m’aide. J’avais une nouvelle vengeance à prendre contre Darkness. Je ne comprenais pas qui était cette fille si simple, fragile et un peu dérangée.
« Vraiment pas mal pour une serveuse de bar.
Elle se prit d’un rire gêné. Tu as vraiment cru que j’étais serveuse dans ce bar ! Quoique, en y pensant, il n’y a pas de mal, c’est un boulot comme un autre. Et ce n’est pas le pire rôle que j’ai endossé. » Sans transition, elle se mit à parler de mon frère. Elle disait qu’il aimait sa façon d’arranger son appartement et qu’ils songeaient à vivre ensemble. Qu’ils voulaient même se marier. Qu’il lui avait parlé de son père. Il disait qu’il voudrait aller le voir et qu’il la présenterait puis qu’ils feraient un vrai mariage avec beaucoup de monde et qu’elle se faisait des trips en essayant des robes de mariées, de grandes robes blanches avec des traînes, des voiles, et tout le bordel. « Enfin, comme une vraie famille. Tu aurais pu être mon beau-frère. Ca aurait été marrant. Je t’aurais appelé le beauf et on se serait fait des bouffes le dimanche avec les enfants. Parce qu’on voulait des enfants. Et on m’appellerait madame Witches ou madame Soulsand. A voir. Ca aurait été comique.
Elle soupira en souriant, perdu dans ses rêves. Je pouvais comprendre ça. Je ressentais la même chose en pensant à Lolita.
« Et pourquoi ne l’as-tu pas fait ? »
Elle me resservit du thé. « Tu sais, c’est difficile. Il fallait préserver l’anonymat de monsieur Witches. On avait peur de lui causer du souci. Du genre où on se retrouve assassiné dans les parcs. Enfin tu sais quoi. »
Oui, j’en avais eu un petit aperçu.
« Et puis un jour Soulsand a décidé de tout plaquer quand même. Et voilà. C’est dur car je me dis que c’est de ma faute. Il voulait qu’on vive tous les deux, qu’on ait des enfants, une vie normale quoi. Mais loin de tout cela. Il n’allait pas trop bien dans sa tête. Un peu comme Lolita qui voulait le beurre et l’argent du beurre tout en se tapant le crémier. Tu vois ce que je veux dire. Je lui avais dit que c’était une mauvaise idée mais je culpabilise quand même. Je me dis que sans moi, Soulsand se serait sans doute moins pris la tête et qu’il n’aurait pas voulu se la jouer en solo et qu’il serait toujours vivant.
- Je me dis la même chose avec Lolita. C’est de ma faute si Darkness l’a retrouvé.
- Tu sais, il valait peut-être mieux. C’est pas sain de vivre en cavale ainsi. Elle n’était pas bien notre Lolita quand on l’a récupéré
- Oui sans doute mais c’était son choix.
- Son choix, un bien grand mot. Un trip à la con oui. Une scène de ménage qui tourne mal alors on plaque tout. On fait l’escalade de merdes et on fait trop la fière pour avouer qu’on avait tort.
- Qu’est ce qu’on lui fait faire ? Et c’est qui ce on ? C’est qui votre patron ? »
Elle commença à s’affoler. « Je ne sais pas moi. On reçoit des ordres, on fait ce qu’on nous demande et on n’en parle pas entre nous. C’est tout. Mais, je crois qu’elle a trouvé un arrangement pour faire des trucs plus sympa. Bien sur, je récupère le sale boulot que personne ne veut mais ça fait dix ans que je me le tape et au fond, je m’en fous. Je lui dois bien cela. »
Je soupirai et m’appuyai contre le dossier du fauteuil. Harceler cette pauvre fille qui était sans doute bien plus dangereuse qu’elle n’en avait l’air n’était pas judicieux mais il me fallait le fin mot de cette affaire et de suite.
« Knowledge » lui dis-je doucement en lui prenant les mains pour qu’elle arrête de se les tortiller. « Je dois savoir ce que vous faites tous.
- Parce que tu ne le sais pas ? »
Je lui lâchais les mains d’étonnement. « Non lui dis-je comment le saurai-je ?
- Par ton père. »
Evidemment. Pendant une seconde je maudis le père que j’avais tant admiré et qui ne m’avait jamais suffisamment fait confiance pour me parler.
« Non il ne m’a rien dit. Je n’ai que toi. S’il te plait Knowledge dis-moi.
- Anna ne t’a pas dit qu’on s’adonnait à la sorcellerie ?
- Si et que vous aviez vendu votre âme au diable ».
Elle ne saisit pas l’ironie de mes propos. « Non » s’exclama-t-elle « C’est totalement faux. Je ne sais pas exactement comment tout a commencé. C’est Thymothy qui a découvert un livre dans une grotte. Paraît que personne ne pouvait le lire sauf lui. Il disait que c’était un recueil de sorcellerie. Soulsand me disait qu’au début, c’était un jeu pour eux. Il ne croyait même pas que Thymothy pouvait lire le livre. Il pensait qu’il inventait de nouveaux jeux mais avec ces jeux ils ont appris à maîtriser des incantations pour soumettre les puissances supérieures, puis les potions et le vaudou. Quand ils ont compris vraiment ce qu’ils avaient entre les mains ils ont décidé de partir faire fortune. Ca a marché, plus ou moins. Thymothy, Soulsand, et Darkness ont roulé leurs bosses quelques années bientôt rejoint par Lolita qui s’était entiché de Darkness. Je ne les ai rejoint plus tard quand ils s’étaient déjà installé et qu’ils travaillaient pour le gouvernement.
- Le gouvernement ?
- Oui. On nous donne des missions et on est payé. Bien payé.
- Qui on ? Quelles genres de missions ?
- Thymothy sert d’intermédiaire.
- Quoi ! Tu veux dire que vous ne savez même pas pour qui vous bossez ! Et je suppose qu’en plus vos missions sont tout à fait illégales !
- Non ! Du moins, pas vraiment. Disons qu’on emploie nos moyens spéciaux mais c’est pour une bonne cause. Un peu genre services secret.
- Le genre de service qui va jusqu’au meurtre.
- Parfois mais pas souvent. De l’espionnage plutôt pour récolter certaines informations. Infiltration dans divers milieux et parfois quelques menaces mais toujours pour une bonne cause.
- Ha oui, quelles genres de causes ?
- Une cause légale. »
Si jusque là elle parlait encore avec son petit air gêné, mais sur ces dernier mots elle avait viré à l’agacement. J’en avais appris plus aujourd’hui que durant ma vie entière. Il ne fallait pas que je perde ma source d’information en la pressant.
Je fis semblant de me détendre, demandai un autre thé, feignant de l’apprécier. Me levai pour admirer la vue de la fenêtre du salon. Elle en profita pour venir à mon coté et me désigna le manège qui dépassait derrière les arbres.
C’était vraiment une pauvre fille naïve qui s’était fait embobiner. Je pensai à lui demander comme elle avait rencontré les autres mais je remis ma question à plus tard.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire